Placebo restera comme un
petit maître de l'histoire du rock, ayant accouché d'un
style immédiatement identifiable mais pas pour autant novateur.
Cette petite idole des
années 90 aura finalement surtout convoqué et mixé des influences
punk et power pop - comme Nirvana quelques années
auparavant. Anglais mais avec un ADN européen, Placebo s'est créé
comme ses cousins américains sous la forme d'un trio avec un leader
charismatique tourmenté, provocateur et critique avec l'imagerie
virile traditionnellement associée aux leaders de rock bands.
Mais là où les fins connaisseurs de Nirvana savent le féminisme
sous-terrain qui habitait la psyché de Kurt Cobain, Brian Molko se
situe dans une androgynie affichée, enveloppant des compositions
adolescentes et asexuées.
Placebo aura composé
trois ou quatre bons albums - c'est déjà beaucoup – sortis entre
1996 et 2003, mais aucun réel chef d’œuvre. Opiniâtre et
constant, Molko se sera évertué à perpétuer une musique et une
imagerie ayant peu évolué depuis le deuxième album « Without
You I'm Nothing » (1998). Les derniers disques sont moins
bons, mais ils continuent de tracer un chemin.
On retiendra surtout une
quinzaine de singles très puissants. Ceux-ci ont été composés
tout au long de la carrière d'un groupe toujours en activité malgré
un rétrécissement continu de sa fanbase. Ces morceaux,
toujours simples sur la forme, ont la particularité de convaincre
dès la première écoute et sur la longueur. A la fois en dépit et
grâce à la voix nasillarde et maniérée de Molko déclamant des
refrains entêtants et parfois presque assénés,
presque toujours sous un torrent de guitares ou de claviers
mixés à la serpe.
Évoluant sur une ligne de crête entre légèreté et lourdeur, style et maniérisme, originalité et caricature, authenticité gothique et BO pour supermarché, on peut faire le pari que les singles de Placebo passeront à une certaine forme de postérité, mais ses albums resteront dans l'angle mort de la grande histoire du rock.
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