dimanche 13 septembre 2009

Marillion: "The Party" (1991, Holidays in Eden)


On a eu raison de juger sévèrement Holidays in Eden à sa sortie en 1991. Cet album, indigeste à bien des égards, était une tentative grossière pour Marillion de conquérir le grand public. Après plusieurs albums encensés par la critique mais ayant joui d´un succès relatif en terme de ventes, les anglais allait tenter le gros coup: un album aux tonalités et aux structures pop, recelant ce qu´ils pensaient être un grand nombre de tubes potentiels radiodiffusables. Nonsense pour le band le plus prometteur de la vague néoprogressive des 80´s. Et sanction logique: Marillion n´a bien entendu pas réussi a conquérir les masses et a dans le même temps bien faili perdre ses cohortes de fans si durement fidélisés.

Ce sixième album studio et deuxième seulement de l´ère post-Fish avec Steve Hogarth au chant n´est pourtant pas à jeter. Car l´on passerait à côté de deux morceaux cruciaux, annonciateurs des deux disques suivants, qui allaient - eux - devenir cultes: Brave (1994) et Afraid of Sunlight (1996). Je veux parler de l´hypnotique
" et de "The Party", morceau à la fois ample et intimiste; pudique et cru; symphonique et par certains aspects pourtant presque minimaliste.
Faussement bien elevé, "The Party", dépeint en réalité le dépucelage banal d´une adolescente de la banlieue londonienne lors de sa première "boum", le tout sur fond d´effluves de drogue et d´alcool. Pas de moralisme et pas non plus d´empathie envers le personnage principal, le texte d´Hogarth est aussi impersonnel et froid que son chant est au contraire puissamment émotionnel, démontrant comme souvent une capacité tout à fait troublante à conjuguer le clair avec l´obscur, à lyriciser le banal. Au fur et à mesure que le morceau se développe, la tension augmente pour atteindre une zone de faux équilibre qui éclate ensuite douloureusement par un solo de guitare paroxystique bien que particulièrement avare en notes, et qui lui même s´éteint dans un final en deux temps; symphonique puis intimiste. Pas de refrain dans cette petite pièce de musique qui multiplie les faux-semblants et les fausses-pistes, mais le charme fou des oeuvres majeures qui jouent à se déguiser en anecdote. Dix-huit ans après sa création, tout indique que "The Party" demeure l´un des secrets les mieux gardés de l´imposante discographie des elfes d´Ailesbury.

1 commentaire:

  1. Tout à fait excellent à deguster ce morceau de Marillon. PinkFloydisé jusqu'au solo, on retrouve des phrases communes. Sophie Marceau dans la vidéo en guest sur MTV et c'était le strike en Europe. Merci pour cet apéritif matinal avec mon thé et chocolat avant une bonne réunion bien pénible. Markis, tu devrais être remboursé par la Sécu :)

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